PROJET PHOTOGRAPHIQUE
L'extra et l'ordinaire
Nous avons pour définition de l’ordinaire quelque chose auquel nous sommes confrontés régulièrement, qui dans sa banalité ne nous surprend plus, qui peut même s’effacer ou se laisser oublier. Pourtant, il suffit bien souvent de porter un regard et de l’attention sur ces choses pour y découvrir des mystères, comme une surprise cachée longtemps juste sous notre nez, quelque chose d’extra trouvé dans l’ordinaire.
Alors, comment la photographie peut-elle changer la dimension d’un monde ?
Simple coïncidence naturelle, ou une véritable démonstration de la nature, les dimensions semblent parfois se croiser ; au point de les confondre. Ainsi Man Ray dans sa photographie de l’élevage de poussière de Marcel Duchamp, nous montre un élément d’un monde dissimulé, qui prend, l’éclat d’un instant, une dimension humaine lorsque celui-ci ressemble à si méprendre à une vue de géoglyphes.
Man RAY (1890-1976)
Elevage de Poussière
1920
film argentique sur film souple
9,20 x 12 cm
Elevage de Poussière
1920
film argentique sur film souple
9,20 x 12 cm
Série Micropaysages
Pour cette série j'ai choisi de photographier des éléments naturels de petite dimension, dont la constitution, la structure ou simplement les couleurs évoquent des paysages, ou des éléments de plus grandes dimensions. J'utilise donc principalement un objectif macro de 105mm permettant d'atteindre un rapport de 1:1.
Afin de gérer au mieux la lumière et surtout son intensité j'ai finalement choisi de travailler principalement en studio, ce qui me permet également de gagner en confort et stabilité. De plus, en approchant du rapport 1:1 je me suis rendu compte que même sur un sujet présentant une surface plane, la profondeur de champ est très limitée. Les éclairages de studio m'ont permis de compenser ce problème en fermant suffisamment mon diaphragme, sans m'approcher de la valeur extrême, pour laquelle la diffraction est trop importante.
Afin de déstructurer au maximum la matière, une grande partie des images ont été réalisées avec une lumière par transparence, ce qui permet de créer des ombres et des couleurs que l'on ne s'attend pas avoir à une faible échelle. Au contraire, pour certaines images les couleurs rappellent parfois trop l'élément photographié, l'usage du noir et blanc sur certaines images permet de se concentrer uniquement sur la matière.
Série Fourmilière humaine
Cette série a pour but de montrer l'implantation de l'Homme dans le paysage, tout en appuyant sur le caractère ridicule de notre « colonisation » : aussi grand soit nos immeubles ou nos stades de foot, les paysages naturels restent infiniment plus immenses et notre présence n'est qu'un échantillon dans le paysage.
Pour la réalisation de cette série j'ai principalement utilisé une chambre argentique Sinar équipée d'un objectif de 150mm et d'un soufflet ballon, afin de réaliser les différentes bascules avec un minimum de contraintes.
Pour avoir ce rendu, j'utilise la technique de l'anti-scheimpflung ou « Tilt and shift » qui permet de donner à ces paysages des dimensions de maquettes. Les plans films C41 utilisés sont de marques Kodak et Fujifilm, en 160 ISO.